Juillet 1995 = génocide de Srebrenica, perpétré contre la population civile Bosniaque, Bosniens de confession musulmane, par des extrémistes Serbes. 8372 hommes et adolescents furent exterminés sous le regard passif d’un contingent de casques bleus de l’ONU. Aujourd’hui encore, certaines familles sont toujours à la recherche du corps d’un père, d’un fils, d’un ami à qui rendre un dernier hommage.
Juillet 2018 = marche de la Paix = 5000 marcheurs = 87 kms sur 3 jours entre Nezuk et Potocari (Srebrenica)
La marche se nourrit de petites histoires…
En parcourant ce chemin de paix, on découvre au loin des paysages doux et vallonnés, où champs clairs et forêts sombres de feuillus, s’alternent au gré de nos pas. Le long de ces sentiers bordés de fougères, surgissent de nulle part, des enfants souriants. Ils croisent nos regards à notre passage et dans leur langue » Sretan Put » nous souhaitent » Bon Voyage ». Plus loin, au coeur d’un hameau perdu au fond d’une clairière, c’est un homme en béquilles, peut être la quarantaine passée, que je rejoins d’un pas discret et admiratif. Voyant mon drapeau français attaché à la taille, il me remercie pour ma présence et soutien à cette marche solidaire. Je lui demande si il a besoin d’aide, il me répond que si il avait besoin de quoique ce soit, il le demanderait à Dieu. Alors, en m’éloignant de lui, je lui réponds que « je demanderai alors à Dieu régulièrement de vos nouvelles ». Je distingue, en me retournant, un large sourire qui illumine son visage. Il y a aussi ces rencontres improbables avec des marcheurs Suisses, Turcs ou encore Iraniens. Mais avec un mot d’anglais, un sourire, une accolade, nous nous comprenons et finalement parlons tous la même langue. Encore plus loin, encore plus tard dans la journée, un autre marcheur nous aborde pour plaisanter avec nous sur les chances de l’équipe de France, dans ce mondial de foot qui vient de débuter. Cette discussion n’est prétexte en fait qu’à provoquer des échanges plus profonds sur sa propre histoire. Cet homme nous décrit alors sa fuite de Srebrenica, vingt ans auparavant, avec ses angoisses et privations durant de nombreux jours dans une forêt inhospitalière mais aussi son désir de (sur)vivre à tout prix, ce qui décuplera son énergie et son courage malgré les épreuves endurées. Nous nous séparons admiratifs d’une telle volonté et avec cet espoir partagé de voir un jour la Bosnie-Herzégovine réunir sous un même toit, Bosniaques, Serbes, Croates, Juifs et Roms. Enfin, il y a ces dizaines de « simples » villageois qui vous offrent du café, des gâteaux ou de l’eau à votre passage et à qui vous adressez un des rares mots que vous connaissez en Serbo-Croate, Hvala (merci). La marche, ce sont toutes ces petites histoires et d’autres encore qui en font un moment unique dans votre vie.
Participer à cette marche, c’était dire plus jamais cela, ni ici, ni ailleurs.
Participer à cette marche, c’était un devoir de mémoire envers toutes les victimes de ce génocide. Car les oublier, c’est les tuer une deuxième fois.
Participer à cette marche, c’était s’opposer fermement à tous les négationnistes qui rejettent le terme de génocide.
Pour en savoir plus sur le génocide de Srebrenica et l’origine de cette marche :La Marche de la Paix