Dernier jour de marche et arrivée à Potocari, là où le génocide a commencé et là où s’est achevée la vie de milliers d’hommes.
Nous marchons derrière nos banderoles où sont écrits des mots de paix, écrits par des amis, connaissances ou simples anonymes.
Nous portons des mots de respect et d’apaisement, rédigés par des lycéens, grands parents, ouvriers, familles, personnes migrantes …
Tous avec vous Mixité et Fraternité J’ai toujours voulu les hommes frères
Afghan amoureux du monde Ensemble
Education et Paix
Lorsque nous arrivons à Potocari, Il y a quelques heures déjà, que la majorité des marcheurs nous a précédé, entourée par une foule nombreuse et reconnaissante. Il y a quelques minutes déjà qu’une première cérémonie vient de s’achever dans l’enceinte même du Mémorial en présence de cette colonne, forte de près de 5000 personnes . Mais qu’importe, il n’y a point de premier ni de dernier aujourd’hui, juste la fierté de se dire que nous sommes arrivés au bout du chemin avec le sentiment de l’hommage accompli vis-à-vis des victimes du génocide.
Notre arrivée au Mémorial suscite la curiosité et l’intérêt. Quelques appareils photos immortalisent l’instant de nos banderoles porteuses de mots solidaires et qui claquent au vent d’un soleil couchant lumineux. Une famille avec qui s’engage un début de conversation en anglais un peu hésitant, souhaite faire une photo de notre petit groupe tout en nous remerciant plusieurs fois pour notre présence. Un caméraman surgit de nulle part prend quelques images de notre petit groupe puis disparaît aussitôt sans trop savoir qui nous étions et pourquoi nous étions ici. Il y a dans l’artère principale, foule de gens qui se presse en sens inverse de notre progression ou partage quelques pas avec nous.
Au Mémorial, des milliers de tombes vertes et blanches sagement alignés sous des arbres un peu frêles dessinent un paysage figé, presque irréel. Un monument à l’entrée rappelle le nombre de victimes, 8372, hommes et adolescents dont le seul tort fut d’être Bosniaque. Un autre, un peu plus loin, dévoile la prière des femmes de Srebrenica, exhortant le monde, avec des mots simples et émouvants, que, plus jamais et nulle part, personne ne vive un tel drame. Des fleurs déposées sur une liste de noms, rappellent combien certaines familles ont été décimées par la haine aveugle d’un nationalisme féroce. Des femmes, au milieu de ces tombes, forment des ilots de vie. Assises ou debout, elles se soutiennent par l’échange de quelques paroles qui un court instant doivent apaiser la douleur de la perte d’un proche.
35 cercueils, portés à bouts de bras par des marcheurs, arrivent dans l’enceinte du Mémorial. Ce sont 35 corps dont les tests ADN ont permis leur identification en cours d’année. Sur les 8372 victimes du génocide, environ 2000 corps n’auraient toujours pas été retrouvés ou identifiés plus de 20 ans après les faits. Dans la foule amassée autour de cette ultime procession, chacun tente au passage de toucher les cercueils, comme un ultime geste d’attention et de douceur adressé à la victime. Demain, lors de la cérémonie officielle, 35 familles vont pouvoir enfin faire leur deuil et pouvoir enterrer dignement un fils, un père, un oncle….
Nous laissons les familles à leur recueillement et quittons l’enceinte du Mémorial au son de rires d’enfants qui jouent avec l’eau fraîche d’une fontaine. La vie continue !